Les récents recensements indiquent que le nombre de personnes qui se disent « sans religion » augmente au Québec, surtout chez les jeunes. Mais que cache cette non-appartenance? Comment ces jeunes vivent-ils leur spiritualité et leur quête de sens?

Jean-Philippe Perreault, chercheur en sciences des religions à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, a mené une quarantaine d’entretiens avec des jeunes de 18 à 30 ans. Ceux-ci lui ont permis de distinguer trois profils types chez les personnes qui n’ont aucune appartenance religieuse.

Un premier groupe est constitué de « désaffiliés en rupture », qui ont connu un minimum de socialisation religieuse dans leur enfance avant de s’en éloigner. Certaines personnes ont, par exemple, été choquées par des événements comme les scandales sexuels qui ont éclaboussé l’Église catholique.

À l’autre bout du spectre se trouvent les « désaffiliés tranquilles », qui ont été exposés à un peu de culture religieuse dans leur jeunesse, mais qui l’ont vu s’estomper naturellement, souvent parce que leurs parents ont abandonné leur pratique religieuse. Dans leur cas, c’est donc moins un processus de rupture qu’une érosion qui a joué. Entre les deux, il y a les « non affiliés », qui n’ont jamais été initiés à la pratique religieuse dans leur enfance.

Toutefois, ce n’est pas parce qu’on a évacué la religion qu’on a pour autant délaissé le religieux. Ainsi, ces jeunes ont trouvé d’autres sources pour donner du sens à leur vie et répondre à des questionnements d’ordre spirituel ou existentiel. En ce sens, la science, la philosophie, une vision du bien commun, la psychologie populaire de type « développement personnel » ou encore les réseaux familiaux et amicaux jouent un grand rôle. Le chercheur s’intéresse désormais à cette « recomposition » du religieux chez les personnes sans religion.