Les personnes obèses ont de 20 à 40 % plus de risques de développer des symptômes de dépression ou d’anxiété que celles ne souffrant pas d’embonpoint. Mais contrairement à ce qu’on pensait, le surpoids est loin d’être le principal facteur en cause. La qualité de l’alimentation et ses conséquences sur le métabolisme auraient un grand rôle à jouer, révèlent les travaux de Stéphanie Fulton, professeure au Département de nutrition de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHUM. Les différents projets que cette dernière mène montrent que la consommation excessive de gras saturés peut modifier les circuits neuronaux contrôlant la motivation, les émotions, l’humeur et l’anxiété.

La chercheuse et son équipe ont soumis des souris à deux types de diète pendant 12 semaines : une à base de gras saturé (huile de palme) et de sucre, et l’autre à base de gras mono-insaturé (huile d’olive) et de sucre. Toutes les souris ont pris du poids. Cependant, chez celles qui avaient consommé un excès de gras saturé, les scientifiques ont observé des marqueurs d’inflammation dans le sang et le cerveau. En présence de problèmes métaboliques (hypertension, diabète, etc.) causés par une mauvaise alimentation et l’obésité, cette inflammation induit des changements dans l’activité neuronale des régions du cerveau qui contrôlent l’humeur et la motivation alimentaire, ce qui mènerait à des comportements dépressifs et anxieux. Leur preuve? En inhibant l’inflammation dans ces parties du cerveau, l’équipe de recherche a pu protéger les souris contre les effets anxiodépressifs et diminuer leur envie de « sucré ».

Les scientifiques ont aussi noté une plus faible inflammation chez les femelles que chez les mâles. La hausse du taux d’œstrogène sanguin et de la quantité d’une enzyme dans le cerveau, associée à un régime riche en gras saturé, serait peut-être également en cause dans l’apparition de comportements anxiodépressifs chez les femelles.

L’inflammation et les comportements dépressifs n’ont pas été observés chez les souris qui avaient reçu une alimentation riche en sucre et en huile d’olive.

Stéphanie Fulton pense que la même chose a lieu chez l’humain. Ses études et celles d’autres spécialistes ont en effet rapporté la présence de marqueurs d’inflammation dans le cerveau d’adolescents et d’adultes, aux mêmes endroits que chez les souris, marqueurs corrélés avec un gain de poids abdominal et une consommation élevée de gras.