Le nombre de personnes à qui on diagnostique un cancer du rein augmente de 2 à 3 % par année à l’échelle mondiale. Non pas parce que ce cancer gagne du terrain, mais plutôt parce que les médecins découvrent davantage de cas grâce à l’imagerie médicale. Parmi les masses ainsi découvertes, certaines évoluent très lentement et ne sont pas dangereuses à court et à moyen terme. Par ailleurs, 15 à 30 % des masses rénales sont bénignes. Or, le manque de connaissances sur l’évolution à long terme de ces tumeurs fait en sorte que les médecins et leur patientèle décident souvent de les enlever. Ce principe de précaution crée un surtraitement auquel Patrick Richard, urologue et chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), a décidé de s’attaquer.

Le chercheur mène notamment une étude internationale qui se penche sur un type de tumeur rénale peu connue : les lésions kystiques. Contrairement à la majorité des masses qui sont solides, les lésions kystiques sont remplies de liquide. Comme elles sont moins étudiées, les médecins ont peu de données pour guider leur choix en matière de traitement. Le projet consiste donc à suivre des personnes dont la tumeur a été retirée chirurgicalement et à les comparer à d’autres chez qui l’évolution de la masse est surveillée au fil du temps. Dans ce dernier groupe, la tumeur ne sera enlevée que si les médecins observent un changement de taille ou de caractéristiques. L’objectif est de comparer l’état de santé des différents individus après cinq ans, afin d’identifier des critères spécifiques (la taille, par exemple) qui indiqueraient la nécessité d’une intervention pour les patients et patientes qui sont en observation.

Patrick Richard étudie également les limites de l’imagerie actuelle – échographie, tomodensitométrie (TDM) et résonance magnétique (IRM). À l’heure actuelle, ces techniques ne permettent pas de déterminer précisément si une tumeur deviendra maligne ou non. Dans le doute, on recourt donc à la biopsie, une intervention invasive qui peut provoquer des complications (par exemple, des saignements). Le chercheur et ses collègues explorent le potentiel de la radiomique et de l’intelligence artificielle, c’est-à-dire l’analyse informatique de grandes quantités de données provenant de l’imagerie, pour bâtir des modèles capables de prédire de façon plus précise l’évolution d’une lésion rénale. Une telle information permettrait non seulement de diminuer le nombre de biopsies, mais aussi le nombre de chirurgies non essentielles.