Le Réseau Inondations InterSectoriel du Québec (RIISQ) déploie actuellement des antennes régionales afin de créer un maillage plus solide entre les équipes de recherche et les pôles décisionnels locaux.

Le Québec a connu plusieurs épisodes d’inondations majeures durant les dernières années. Désormais, les municipalités ont besoin d’apprendre à mieux anticiper et prévenir ces situations, et aussi à bien gérer leurs conséquences humaines et économiques, qui sont dépendantes des contextes de vulnérabilité régionaux.

Les causes et les conséquences des inondations varient, en effet, d’un territoire à un autre. Par exemple, les inondations à Rapide-Danseur, en Abitibi, ont affecté des environnements naturel et humain très différents de ceux de la région de Lachute, qui en a subi aussi. Ainsi, les besoins et les partenaires locaux diffèrent.

Or, les équipes de recherche qui travaillent sur ces questions sont plutôt éparpillées et les ressources disponibles ne sont pas toujours bien connues des personnes qui prennent les décisions politiques ni des organisations locales.

Le RIISQ s’est engagé à surmonter ces obstacles en mettant en place d’ici 2028 six antennes régionales qui réuniront les universités et les partenaires régionaux et provinciaux. Un projet pilote est déjà en cours à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), encadré par la professeure Nathalie St-Amour, codirectrice du RIISQ. Des partenaires municipaux et d’autres du réseau de la santé, ainsi que l’observatoire sur l’aménagement du territoire de l’Outaouais, ont été mobilisés et participeront au développement de l’antenne du RIISQ à l’UQO au cours des prochains mois.

Les problématiques régionales touchant les inondations seront identifiées en collaboration avec les bureaux de projet établis par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et les antennes régionales. Elles feront l’objet d’une consultation tenant compte des particularités et des besoins locaux. « Les inondations en Gaspésie, reliées à l’érosion côtière et aux tempêtes, ne comportent pas les mêmes enjeux que celles qui surviennent en Abitibi ou au sein de la forêt boréale », illustre Philippe Gachon, directeur général du RIISQ et professeur de géographie à l’Université du Québec à Montréal.

Collaborations multidisciplinaires

Grâce aux antennes régionales, les équipes du RIISQ optimiseront leur collaboration avec d’autres réseaux sur le territoire. Philippe Gachon donne l’exemple des chercheurs et chercheuses en foresterie, qui sont très actifs sur le territoire québécois, en particulier concernant les risques de feux de forêt. De telles relations multidisciplinaires gagnent en importance pour bien aborder la question des inondations et de leur gestion par les autorités, alors que les risques hydroclimatiques augmentent en termes de nombre, de durée, de secteurs touchés et de simultanéité. « Au cours des prochaines années, nous serons confrontés à la combinaison de plusieurs facteurs qui transforment les risques d’inondations en risques systémiques, poursuit Philippe Gachon. En plus des débordements de cours d’eau lors des crues printanières, des pluies abondantes influencent le ruissellement rapide de l’eau et les inondations en contexte urbain. »

En juillet 2023, la chute de près de 100 millimètres de pluie en moins de deux heures a inondé des sous-sols, des stations de métro et des voies de circulation à Montréal. Elles ont entraîné une interruption de la ligne orange du métro de Montréal, la fermeture de sections de routes, ainsi que celle de deux collèges à Longueuil et à Saint-Lambert.

Devant un risque qui devient de plus en plus complexe et multifactoriel, les antennes favoriseront les coopérations multidisciplinaires, la prise en compte des réalités régionales, et surtout, les échanges de connaissances développées à l’université et dans les différents milieux.

Philippe Gachon, directeur général du RIISQ et professeur de géographie à l’Université du Québec à Montréal

Quelques chiffres clés :

100

Nombre de millimètres de pluie tombés en moins de deux heures à Montréal en juillet 2023.

Pour aller plus loin :

Un aperçu des impacts des inondations selon le milieu concerné est donné dans un ouvrage collectif publié par le RIISQ en 2022 (Buffin-Bélanger, Maltais et Gauthier, 2022).