L’usage des technologies pour écrire à l’école : progrès ou dérive ?

Écrire à l’ordinateur comporte-t-il plus d’avantages que d’écrire avec un crayon sur du papier? Ce ne sont peut-être pas les bonnes questions à se poser. En effet, essaie-t-on de se convaincre qu’il est encore nécessaire d’apprendre à écrire sur des tablettes d’argile? Évidemment pas! Or, ennui et désintérêt des élèves face à l’écriture, tel est le constat de plusieurs recherches publiées ces dernières années. Non seulement les jeunes d’aujourd’hui écrivent-ils peu ou prou, mais quand ils le font, c’est de moins en moins par plaisir. Alors oui, selon nous, la question posée n’est pas la bonne. Ce qui est réellement fondamental, c’est plutôt d’amener tous les jeunes à écrire, à écrire plus, à écrire une variété de textes, et à leur insuffler la motivation à écrire, le goût d’écrire… pas juste des pages Facebook, des textos ou des tweets.

Il s’avère essentiel d’insuffler aux jeunes la motivation à écrire, pas juste des pages Facebook, des textos ou des tweets.

Dans notre contexte sociétal où les jeunes écrivent peu, mais où leur engouement pour les technologies est remarquable, la recherche que nous avons réalisée dans des classes d’écoles primaires de la région de Montréal porte sur l’écriture avec les technologies. Elle a pour objectif général de mieux comprendre l’apport de l’écriture avec les technologies pour le développement de la compétence à écrire des élèves du primaire en milieu défavorisé. Pour atteindre cet objectif, nous avons réalisé des entrevues individuelles et de groupe avec les enseignants et les élèves participants, des observations vidéographiées de tâches d’écriture avec les technologies, de même que la collecte des différentes versions des textes élaborés par les élèves lors de tâches d’écriture avec les technologies. Nos résultats montrent notamment que les élèves, garçons et filles, sont bien plus motivés quand ils réalisent des tâches d’écriture à l’ordinateur.

Nos résultats montrent enfin une amélioration de la compétence à écrire chez l’ensemble des élèves, garçons et filles. En fin d’année scolaire, nos constats révèlent aussi que ce sont quelque 96 % des élèves qui se perçoivent plus compétents à écrire quand ils réalisent cette tâche à l’ordinateur. Dans un contexte où les technologies sont omniprésentes en éducation et où la qualité du français demeure un défi à relever, les résultats de cette recherche seront d’une grande pertinence sociale et scientifique. Bien sûr, il faut le comprendre, l’usage des technologies n’est pas la panacée au désintérêt des jeunes pour l’écriture, et son usage en classe s’accompagne aussi de plusieurs défis. En outre, le rôle de l’enseignant et des parents demeure fondamental pour avant tout donner aux jeunes le goût d’écrire, mais l’usage des technologies représente possiblement une avenue intéressante afin d’y parvenir.

Chercheur principal

Thierry P. Karsenti, Université de Montréal

Résumé

Rapport de recherche

Appel de propositions

Dépôt du rapport de recherche : juin 2015