Au Canada, plus d’une personne sur 1000 souffre de lupus érythémateux disséminé, une maladie auto-immune chronique qui se caractérise par des poussées actives d’inflammation plus ou moins sévère intercalées de périodes de rémission. Les patients sont couramment traités à l’aide de l’hydroxychloroquine (HCQ), dont l’utilisation en continu permet d’améliorer la symptomatologie de la maladie. Or, celle-ci s’accompagne aussi d’effets secondaires, comme des pertes sur le plan visuel, ce qui amène certains patients à diminuer, voire à interrompre leur traitement. La Dre Sasha Bernatsky, scientifique senior à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, a voulu identifier les facteurs démographiques et cliniques associés à des effets négatifs chez les personnes qui réduisent ou stoppent la prise d’HCQ, et ce, dans l’espoir de mieux les soigner.
Pour ce faire, elle et son équipe ont suivi près de 1400 Canadiens et Canadiennes atteints de lupus de 1999 à 2019. Les participants étaient divisés en trois groupes : le premier conservait le traitement conventionnel à l’HCQ, le second recevait une quantité moindre du médicament et le dernier cessait carrément d’en prendre. Après analyse, il semble que les personnes non caucasiennes, âgées de 25 ans ou moins lors du diagnostic de lupus, et celles en situation de poussée active ne gagnent pas à interrompre leur traitement. Il en va de même pour la prise concomitante d’immunosuppresseurs, qui est associée à un contrôle moindre sur la maladie.
Ces résultats, publiés dans la revue savante Arthritis Care and Research, pavent la voie à une personnalisation du traitement contre le lupus. La société tout entière bénéficierait d’une meilleure prise en charge de cette maladie. À l’heure actuelle, il est fréquent qu’une personne souffrant de lupus soit hospitalisée lorsqu’elle perd le contrôle sur sa maladie. À long terme, une telle situation peut provoquer la défaillance de plusieurs organes, comme les reins. La dialyse et la greffe rénale, des traitements coûteux, doivent alors être considérées. Des patients deviennent même invalides au point de nécessiter des soins hospitaliers en continu.