Bien que les caractéristiques des territoires d’immigration soient de mieux en mieux comprises, l’analyse du vieillissement selon les territoires reste limitée.
L’intégration sociale des immigrants a été largement étudiée, mais le logement et les dynamiques territoriales sont moins explorés, notamment face à la gentrification qui pousse les ménages à faibles revenus, y compris les immigrants, vers la banlieue. Les dynamiques d’exclusion et de marginalisation sont abordées sous l’angle de la résilience des personnes vieillissantes et de la transformation de leurs milieux de vie, en utilisant la notion de normalité résidentielle. Cette approche évalue comment les environnements résidentiels répondent aux besoins des personnes âgées et des décideurs.
La recherche vise à comprendre la relation entre les dynamiques urbaines d’exclusion et d’intégration dans un contexte de vieillissement et d’immigration à Montréal. Trois objectifs spécifiques guident les travaux : 1) Décrire les quartiers d’immigration et de vieillissement dans le Grand Montréal; 2) Caractériser les formes d’exclusion et de participation des aînés immigrants; 3) Documenter les modes de vie des immigrants âgés et leurs perceptions des milieux de vie.
La méthodologie comprend trois volets : Le premier utilise le recensement canadien pour analyser l’évolution des populations immigrantes et âgées, et sélectionner les territoires à étudier. Le deuxième volet explore les expériences de vieillissement des aînés immigrants et les obstacles à leur inclusion. Le troisième volet documente les modes de vie et perceptions des aînés à travers des entretiens et une enquête en ligne.
Les résultats montrent que vieillir en tant qu’immigrant présente des défis supplémentaires, tels que des difficultés d’accès à l’information et aux services. Les variations dans la reconnaissance des groupes ethnoculturels par les municipalités impliquent des disparités dans l’accès aux ressources et à la reconnaissance des personnes et des communautés. Les aînés immigrants, en particulier en banlieue, souffrent de difficultés de mobilité et de manque de ressources communautaires proches.
Les organismes communautaires jouent un rôle crucial en comblant les lacunes laissées par les politiques urbaines. Les pistes de solution proposées par la recherche incluent une approche territoriale du vieillissement et de l’immigration. Les politiques devraient évoluer pour mieux prendre en compte la diversité culturelle et les réalités locales. Une meilleure communication avec les aînés immigrants et la mise en place d’observatoires territoriaux seraient des pistes pour améliorer leur inclusion et participation.
Chercheur principal
Sébastien Lord, Université de Montréal
Dépôt du rapport de recherche : août 2024