L’année 2021 a pris fin avec un bilan un peu mitigé : des réalisations majeures, mais des défis qui subsistent. Difficile d’écrire ce mot sans évoquer la disponibilité de vaccins contre la COVID-19, et ce, seulement un an après le début de la pandémie. En date du 9 janvier 2022, 59,1 % de la population mondiale avait reçu au moins une dose et 50,2 % en avait reçu deux1 . La rapidité de développement des vaccins et la capacité incroyable à les produire et à les distribuer, dans un monde quasi immobilisé par une pandémie, peuvent être qualifiées d’exploits. Cela dit, nous faisons encore face à des difficultés majeures. Très peu de systèmes de santé sont suffisamment robustes pour affronter les différentes vagues d’infection qui se succèdent. Mais surtout, pandémie et vaccination ont exacerbé les inégalités. Ainsi, si 59,1 % de la population mondiale a reçu une première dose, c’est seulement 8,9 % des citoyennes et citoyens des pays à faible revenu qui en a bénéficié. Non seulement cette couverture vaccinale insuffisante est inéquitable et difficilement justifiable d’un point de vue sociétal, mais elle favorise de nouvelles mutations du virus et leur propagation (Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS).
Encore un article sur la COVID, direz-vous? En fait, pas vraiment. Parmi les succès et défis de 2021, un autre mérite d’être cité, qui a capté l’attention internationale : un origami de 6200 kilos, 10,5 mètres de haut, 4,5 mètres de large dans ses dimensions repliées, et qui travaillera à 1,5 million de kilomètres de la Terre. Vous l’aurez compris, il s’agit du télescope James Webb. Dans tous les médias, pendant plusieurs jours, cet observatoire spatial – le plus complexe et le plus puissant jamais construit – a capté l’intérêt d’un grand nombre d’individus (et pas seulement celui des scientifiques), et qui sait, a peut-être généré de nouvelles vocations. Fruit d’une collaboration internationale entre la NASA, l’Agence spatiale européenne et l’Agence spatiale canadienne, ce télescope est un condensé de prouesses scientifiques et technologiques déployées pour observer les premières galaxies formées au début du Big Bang et peut-être permettre de répondre à une question qui frappe l’imaginaire collectif : existe-t-il d’autres formes de vies dans l’univers? Ces objectifs, qui pourraient paraître sans impacts tangibles dans notre quotidien, pourraient cependant nous informer sur l’une des crises les plus graves que nous traversons : les changements climatiques. Je vous conseille un très bon article du New York Times sur ce télescope et sa portée.
Alors, qu’ont en commun un vaccin et un télescope? Ce sont l’aboutissement de deux aventures scientifiques fascinantes qui démontrent l’importance :
- de la recherche fondamentale et du soutien continu de son développement. Dans les deux cas, ce sont quelques décennies de travaux qui les ont rendus possibles;
- de la science ouverte et de la collaboration internationale;
- de la mobilisation, autour d’un objectif ambitieux, d’une variété d’acteurs, académiques et privés, chacun reconnu pour son excellence dans sa profession;
- de l’inscription de l’avenir de notre planète (qu’on peut décliner en bien commun, équité, développement durable) au cœur du problème à solutionner ou de l’objectif.
En 2022, nous lancerons les plans stratégiques des Fonds de recherche du Québec en nous concentrant sur 1) des talents en recherche diversifiés, créatifs et agiles, 2) le positionnement du Québec comme chef de file pour la recherche libre et fondamentale et 3) la recherche, un incontournable pour répondre aux défis de société. Ces orientations sont en phase avec les quatre éléments listés ci-dessus, à la base de projets inspirants, mobilisants et ambitieux. Concernant le Fonds Santé spécifiquement, notre plan stratégique et ses objectifs s’emploieront à soutenir une recherche qui transforme nos approches de santé : « […] une recherche qui vibre avec la société et sa diversité, pour une santé durable, ressource essentielle au développement individuel et à la prospérité socioéconomique ».
Cet objectif ne pourra être atteint sans la contribution de toute notre communauté quelles que soient les disciplines et spécialités. Aussi, en cette année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable proclamée par l’ONU, j’ai choisi de donner la parole à des collègues pour nous dire ce qui les motive, comment ils participent à cette vision et quelle place ils envisagent pour les talents en devenir, les étudiants et étudiantes d’aujourd’hui et chercheurs et chercheuses de demain, dans cette transformation. Surveillez nos prochaines communications pour en savoir plus.
Forte de ce rendez-vous, toute l’équipe du FRQS se joint à moi pour vous souhaiter une année 2022 fructueuse, avec des recherches passionnantes et des résultats qui poussent toujours plus loin l’étendue de nos connaissances… pour une meilleure santé globale et durable!
Carole Jabet
Directrice scientifique FRQS
1 Hannah Ritchie, Edouard Mathieu, Lucas Rodés-Guirao, Cameron Appel, Charlie Giattino, Esteban Ortiz-Ospina, Joe Hasell, Bobbie Macdonald, Diana Beltekian and Max Roser (2020) – « Coronavirus Pandemic (COVID-19) ». Published online at OurWorldInData.org. Retrieved from: ‘https://ourworldindata.org/coronavirus‘ [Online Resource]