Profession? Fan de chercheur(-euse)s 
 
Alors que je réfléchissais à ce mot, les messages se bousculaient dans ma tête. Le premier concernait 2022, qui comme les années précédentes, n’a pas été de tout repos. Un nouveau plan stratégique pour le FRQS – fermement tourné vers une Santé Durable – ; deux nouvelles stratégies québécoises pour soutenir le développement de la recherche1; des mouvements d’ampleur mondiale ayant un impact sur la façon de faire de la recherche : science ouverte, engagement citoyen, science inclusive, science en exil (ne l’oublions pas). Ces orientations, locales et mondiales, viennent avec leur lot de défis : gestion du changement, communication, dialogue et partenariat avec les collègues – chercheurs et chercheuses, responsables universitaires, représentants et représentantes des ministères, partenaires privés. 
 
L’autre message qui cherchait sa place dans ma tête était de communiquer l’immense plaisir que j’ai eu à vous rencontrer au cours du dernier trimestre, à suivre vos travaux, à voir votre énergie pour partager vos connaissances et pistes de nouvelles découvertes, notamment un banc d’essai pour des valves cardiaques à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), un symposium sur les maladies infectieuses par le MI4 à McGill, l’annonce de collaborations franco-québécoises pour développer des interventions cliniques réellement transformatrices basées sur l’intelligence artificielle… et tout cela sans compter l’accueil enthousiaste que vous avez réservé à la ligne d’action scientifique et citoyenne de la Santé Durable. 
 
De fil en aiguille, ce mot s’est construit et j’aimerais commencer 2023 en vous remerciant tous et toutes d’être des chercheurs et chercheuses, étudiants et étudiantes qui poursuivez vos travaux et j’espère, votre vocation, sans relâche. Et ce n’est pas chose facile. Comme je l’ai dit sur une tribune en décembre dernier, la profession « recherche » n’est pas toujours justement valorisée. À quoi sert-on? Que cherche-t-on? Que génère-t-on? C’est en voulant répondre à ces questions que j’ai découvert le livre de Françoise Tristani-Potteaux Profession? Chercheur2. Je lui ai d’ailleurs emprunté le titre de ce mot, que j’ai adapté pour traduire ma grande appréciation pour vos projets et votre engagement à générer et mobiliser de la connaissance, pour tous.  
 
Bien sûr l’ouvrage peut être critiqué; les réalités qu’il présente étant alimentées par un contexte spécifiquement français, entre autres. Cependant on y parle de vocation, de tempérament, d’interdisciplinarité, de controverses, d’éthique etc. Bref, l’autrice y décrit des personnages fascinants : « il m’est apparu comme une évidence que ces aventuriers de la science, mal connus, caricaturés parfois, étaient d’une modernité éclatante : mobiles, rapides, polyglottes, mondialisés, parfois même un peu fous, ou du moins extrêmement libres dans les détours de leurs trajectoires ». Elle parle aussi de science, d’incertitudes, du paradoxe des nouvelles connaissances qui ne cessent d’ouvrir de nouveaux champs d’inconnu, et d’un nouvel espace, moins clivé, entre science et société : « la science serait-elle enfin sortie des espaces un peu ternes de la culture scientifique et technique où elle a été longtemps reléguée? Il semble que ce soit le cas quand on voit comment les climatologues sont désormais écoutés et appuyés par une opinion publique qui se mobilise et s’organise pour lutter contre le dérèglement climatique […] Une victoire pour la science, une plus grande responsabilité pour ceux qui la construisent, les chercheurs, dont le rôle s’avère désormais crucial. »  
 
C’est un grand privilège de pouvoir soutenir celles et ceux qui sont passionnément attachés à la connaissance et, dans une certaine mesure, à ses applications. Difficile de conclure sans évoquer notre ambition : la Santé Durable, soit le développement de stratégies de promotion de la santé, de prévention et d’interventions précoces au niveau des maladies, pour des résultats sanitaires à moindre coût, accessibles à tous. La résolution d’un problème nécessite autant d’équations que d’inconnues et on le sait, les déterminants de la santé sont nombreux. Aussi, chaque recherche, chaque connaissance, aussi pointue soit-elle, est nécessaire pour réaliser cette ambition. 
 
Il me reste à vous souhaiter, au nom de la direction et de toute l’équipe du FRQS, une année 2023 passionnante, avec plusieurs moments « Eurêka », ces instants d’intensité variable où l’on se dit « ça y est, j’ai trouvé ».  
 
Carole Jabet 
Directrice scientifique FRQS 

SQSV; SQRI 

2 « Profession? Chercheur », Françoise Tristani-Potteaux, CNRS Edition, Paris, 2019, ISBN 978-2-271-12739-6; ISSN : 2109-8638; version numérique