Responsable :
Sylvie Hébert
Établissement :
Université de Montréal
Année de concours :
2019-2020
Recherche intersectorielle – Programme Audace
Concours 2019-2020
Composition de l’équipe:
Sylvie Hébert (Université de Montréal), responsable
Alain Vinet (Université de Montréal), co-chercheur
Jérémie Voix (École de technologie supérieure), co-chercheur
Domaine : Neurosciences, santé mentale et toxicomanies
Secteurs de la recherche : Sciences de la santé; Sciences naturelles et génie
Table des matières
1. Résumé du projet
Le bruit et le stress sont deux fléaux de notre société et constituent des facteurs de risque déterminants pour le développement et l’aggravation des acouphènes, ces sons entendus dans les oreilles sans source sonore externe et fréquemment accompagnés d’un degré grave de détresse psychologique. Les fluctuations des acouphènes en fonction de l’exposition au bruit et au stress, au travail et dans la vie quotidienne, constituent une plainte majeure des personnes atteintes, mais elles ne pourraient pas être mises en évidence en laboratoire à cause de leur caractère hautement dynamique. Ainsi, ni les chercheur.es ni les clinicien.nes n’ont de prise réelle sur les mécanismes physiologiques mis en cause dans le déclenchement et l’aggravation des acouphènes.
L’objectif ultime du projet est de sortir du laboratoire afin de mesurer l’influence du bruit et du stress sur les acouphènes en temps réel, dans l’environnement naturel (in situ). Ce défi nécessite l’intégration d’approches et de plateformes de pointe, à l’intersection des secteurs de la haute technologie (génie industriel et biomédical) et des sciences de la santé (audiologie). Trois phases sont proposées : 1) afin de répondre aux exigences spécifiques du projet, la poursuite du développement de la plateforme audio-numérique de J. Voix (l’Auditory Research Platform, ou ARP, basée sur l’implantation dans le conduit auditif externe d’un appareil miniaturisé muni de microphones et hautparleurs et qui permet de mesurer en continu le bruit et plusieurs biosignaux du porteur) pour y intégrer une fonction de transparence acoustique et la mesure de l’acouphène centrée sur la ou le patiente développée par S. Hébert; 2) la validation des biosignaux sonores captés par l’ARP dans le conduit auditif externe (en particulier le pouls, la respiration, la salivation) avec des appareils cliniques classiques chez des participant.es sains soumis par la suite à une analyse numérique (analyse spectrale des pulsations cardiaques) pour en extraire les composantes sympathique et parasympathique, et 3) la réalisation d’une preuve de concept de ces mesures in situ chez des personnes présentant des acouphènes et à risque d’en développer (parce qu’exposées au bruit et au stress).
Le projet permettra ainsi de mesurer avec précision les fluctuations des acouphènes en fonction de l’environnement, incluant le bruit ambiant et l’état de stress, ainsi que d’en évaluer les corrélats physiologiques à partir de l’analyse spectrale des pulsations cardiaques et de la respiration extraites des biocapteurs implantés. Ceci permettra de changer radicalement la perspective d’étude des acouphènes, en passant d’études statiques en laboratoire à des mesures ambulatoires in situ, et d’orienter les interventions vers un traitement personnalisé. Le projet possède également une portée plus générale puisque, par le développement d’une technologie implantable miniaturisée et commodément portable, il établit un modèle pour l’étude des populations à risque soumises à un stress chronique et au bruit, et de personnes atteintes de maladies comportant une part de détresse subjective difficilement évaluable en laboratoire.