Le vent du malaise : quand les éoliennes troublent notre société - Fonds de recherche du Québec - FRQ

Responsable : 
Tarek Djerafi

Établissement : 
Institut national de la recherche scientifique (INRS)

Année de concours : 
2025-2026

Tarek Djerafi, responsable, Institut national de la recherche scientifique [INRS]

Hans Moreau, personne citoyenne du Duo

Secteurs de la recherche : Sciences naturelles et génie; Sciences humaines et sociales; Sciences de la santé

Domaine : Techniques, mesures et systèmes

Table des matières

  1. RÉSUMÉ DU PROJET

1. RÉSUMÉ DU PROJET

Le gouvernement du Québec mise sur l’énergie éolienne pour fournir rapidement d’importantes quantités d’électricité à des coûts compétitifs. Or, si l’implantation de parcs éoliens suscite des débats autour de la modification du paysage, le bruit demeure l’une des préoccupations majeures dans les municipalités concernées. Malgré la réglementation imposant une distance minimale de 500 mètres entre les habitations et les éoliennes, certains citoyens signalent des nuisances persistantes. Des études émergentes laissent par ailleurs entendre que des infrasons et des basses fréquences, associés notamment à la modulation d’amplitude, pourraient affecter le bien-être des populations.

Dans ce contexte, un projet de recherche participative se déploie pour vérifier la présence de ces effets acoustiques encore mal compris et analyser leur impact potentiel sur la santé et la qualité de vie. Au cœur de cette initiative, un citoyen habitant près d’un parc éolien décrit la perception de sons de basses fréquences, qui évoquent des vibrations. Son témoignage a déclenché une série de réflexions portant sur l’adéquation de la distance réglementaire, la pertinence des modèles théoriques de mesure du bruit et, surtout, l’importance de la perception individuelle et de l’acceptabilité sociale.

Sous la supervision d’experts, le citoyen participe à toutes les étapes du projet. Le project commence par une revue systématique des normes existantes au Québec et à l’international, afin de repérer d’éventuelles lacunes dans l’évaluation des infrasons et des basses fréquences. Des campagnes de mesures acoustiques sont menées à l’aide d’une plateforme de capteurs multiples : ces instruments détectent non seulement les niveaux sonores classiques, mais aussi les fréquences inférieures à 20 Hz (infrasons), les basses fréquences et les vibrations. Les relevés obtenus sur le terrain sont automatiquement transmis à une plateforme numérique collaborative, puis corrélés aux témoignages subjectifs des résidents, qui consignent dans un journal leurs troubles du sommeil, maux de tête ou épisodes de stress.

En parallèle, une analyse physiologique des sensibilités individuelles est effectuée. Des bandes de bruit réelles, enregistrées à proximité des éoliennes, sont soumises à un large échantillon de volontaires via une plateforme citoyenne. Cette approche permet de déterminer dans quelle mesure l’acceptabilité sociale et la perception du bruit varient selon les caractéristiques propres à chaque individu (sensibilité auditive, contexte de vie, attitude face aux énergies renouvelables, etc.). De plus, la modélisation de la propagation acoustique, associée à l’examen de l’influence de la taille des parcs éoliens, fournit une vision globale des facteurs susceptibles d’amplifier ou d’atténuer les nuisances.

L’objectif final consiste à intégrer citoyens et chercheurs dans un dispositif scientifique rigoureux et transparent. Des rencontres régulières et des ateliers de formation permettent à tous d’acquérir les compétences nécessaires pour comprendre et interpréter les phénomènes acoustiques liés aux éoliennes. Cette démarche, à la fois citoyenne et académique, vise à constituer un registre participatif des nuisances sonores et à confronter les données mesurées aux modèles théoriques employés dans les normes actuelles. À terme, le projet pourrait inspirer une révision des règles d’implantation, encourager de nouvelles pratiques d’atténuation du bruit et renforcer le dialogue social autour de l’énergie éolienne au Québec.

Appel à proposition