Chercheur : 
Gauvin, Jean-François

Établissement : 
Université Laval

Année de concours : 
2021-2022

Les musées et les établissements d’enseignement québécois regorgent d’objets et d’artefacts qui se classent dans la catégorie du patrimoine scientifique. Le Musée de la civilisation du Québec (MCQ), par exemple, possède une grande partie des anciennes collections scientifiques du Séminaire de Québec ? Il en va de même pour les Collections d’objets et de spécimens de l’Université Laval, dans lesquelles on trouve des spécimens de géologie, d’entomologie et de botanique ayant servi, entre autres, à la recherche et à l’enseignement des sciences aux 19e et 20e siècles. Ces collections sont riches, voire fondamentales, mais trop souvent méconnues et peu documentées. Que nous disent-elles du développement des sciences au Québec ? Comment peuvent-elles nous renseigner sur l’enseignement et la diffusion des sciences sur une longue durée, c’est-à-dire entre les époques de la Nouvelle-France et de la Révolution tranquille ?

Dans un premier temps, je propose d’examiner de telles collections sous les angles de la recherche en histoire des sciences. Il s’agit, en effet, de recourir à un certain nombre de collections scientifiques connues (celles du MCQ et de l’Université Laval, déjà mentionnées) et inconnues (celle du Séminaire de Saint-Hyacinthe, par exemple) afin d’en tirer des constats (de natures locale, provinciale et internationale) quant à leur origine, leur utilisation, leur circulation, leur aliénation et leur importance primordiale pour le développement des connaissances scientifiques au Québec. Ces recherches documentaires, incluant la localisation des collections matérielles, permettront d’échafauder une topographie des collections d’enseignement de la science au Québec et d’ainsi mieux en saisir le réseau et le mouvement au cours des 200 dernières années. Ces données, qui n’ont jamais été rassemblées jusqu’ici, me permettront d’étudier la formation des collections, leur utilisation, leur circulation et, souvent, leur fin (à un endroit) et leur renaissance (à un autre endroit). Dans un second temps, d’un point de vue muséologique, on désire aller au-delà des collections, de leurs histoires et itinéraires culturels pour cibler davantage les objets scientifiques eux-mêmes, leur valeur intrinsèque, en mettant l’accent sur leur matérialité. Cette approche méthodologique appelle l’étude des gestes et des savoir-faire issus d’un passé dissimulé dans les épaisseurs de nos pratiques sociales, technologiques et intellectuelles. Il s’agira de répondre à la question suivante : quand les objets de science deviennent des objets de collection, leurs fonctions épistémologiques et pédagogiques inhérentes sont-elles radicalement anéanties ? Est-il possible de documenter et revitaliser pareil patrimoine scientifique pour en dégager de nouvelles questions de recherche ?

En mettant de l’avant les collections scientifiques déposées dans de nombreux musées et établissements d’enseignement de la province, ce projet de recherche propose un regard neuf et original sur l’histoire des sciences et l’histoire des collections scientifiques au Québec. D’objets de science à objets de collection, le parcours historique, social, culturel, pédagogique et épistémologique de ce patrimoine scientifique nous plonge au cœur de la société québécoise d’hier et d’aujourd’hui.