Chercheuse :
Paquin, Sophie
Établissement :
Université du Québec à Montréal (UQAM)
Année de concours :
2021-2022
Les pratiques spatiales différenciées de la ville par les femmes et les hommes s’expliquent en grande partie par les rôles sociaux attendus selon les genres dans une société aux rapports de pouvoirs inégaux. Les enquêtes montrent que prendre soin de la famille et des personnes (care) est souvent sous la responsabilité première des femmes. Ces rôles sociaux affectent les pratiques spatiales et se répercutent dans plusieurs sphères de la vie urbaine (mobilité, sentiment d’insécurité). Notre cadre théorique s’appuie sur la théorie des infrastructures de soutien à la vie quotidienne (IVQ) qui intègre une perspective de genre et permet d’étudier les équipements, services et infrastructures qui sont particulièrement utilisés lorsqu’il s’agit de prendre soin des autres ou de coordonner la vie dans les familles (care).
Le but de cette recherche est d’expliquer les pratiques socio spatiales des femmes en lien avec les rôles sociaux liés « au prendre soin de » (care), de décrire ses matérialisations dans les usages et aménagements de la ville et d’identifier des stratégies d’aménagement qui répondent aux enjeux soulevés par la problématique et qui peuvent s’intégrer à la planification urbaine. Le 1e objectif est de révéler comment se déploient les rôles sociaux du care dans l’espace urbain, particulièrement dans les territoires de proximité. Seront étudiés les IVQ que les femmes utilisent, fabriquent et transforment dans leur environnement de proximité pour améliorer la vie quotidienne. Le 2e objectif est d’identifier les différentes IVQ selon les politiques municipales sensibles au genre et les opinions de praticiens-experts et de formuler des scénarios d’aménagement qui soutiennent les rôles et activités liés au care. Le 3e objectif est de développer un outil collaboratif pour concevoir ces solutions permettant de mieux concilier les rôles sociaux du care dans la vie quotidienne en interaction avec l’aménagement urbain. Cet outil servira à la production de scénarios plus inclusifs de transformation de l’environnement bâti qui pourront être repris dans les instruments d’urbanisme.
La stratégie méthodologique consiste à réaliser des entrevues auprès d’un échantillon de 30 femmes résident dans trois arrondissements montréalais, d’organiser un entretien de groupe structuré avec une douzaine de professionnels de l’urbanisme, de la mobilité et de développement social de la ville de Montréal, de concevoir et de valider un outil collaboratif utilisant les jeux sérieux qui sera exploité dans quatre exercices de co-construction de scénarios d’aménagement améliorant le déploiement des activités liées au care dans les espaces urbains.
Les résultats de cette recherche seront diffusés dans cinq colloques et quatre publications. Ce projet de recherche mobilise un cadre théorique original et pertinent en études urbaines. Il produira des connaissances nouvelles sur les pratiques socio spatiales des femmes dans la ville (ex.: la configuration des infrastructures de mobilité et des usages du sol favorisant la conciliation travail – famille; les tactiques de transformation l’environnement bâti pour le bien-être de la famille). De plus, les résultats illustreront les pratiques liées au care dans les espaces urbains générées par la pandémie de covid19. L’outil de co-construction sera transférable à d’autres projets de recherche appliquée.