Retombées d’un programme d’intervention basée sur les arts et la psychologie existentielle, axé sur les thèmes du sens de la vie, du désespoir et de la mort, sur la détresse psychologique, les idées et comportements suicidaires de jeunes femmes

Résumé du projet

Au Québec, les statistiques récentes montrent une hausse inquiétante des idées suicidaires chez les jeunes femmes de 20 à 24 ans, atteignant 8,2 % en 2021, soit le double par rapport à 2015. Une récente étude a également révélé que les jeunes femmes représentent près de 72 % des cas de suicide en contexte universitaire. La dépression, le stress et la culture de performance sont des facteurs de risque majeurs pouvant conduire à la détresse psychologique et aux idées suicidaires au sein de cette population. Face à cette situation, il apparaît essentiel de développer et d’implanter des programmes visant à prévenir l’apparition des pensées suicidaires ou à en réduire l’intensité lorsqu’elles surviennent.
Au cours des dernières années, les jeunes femmes ont été confrontées à de nombreux enjeux : pandémie, conflits géopolitiques, catastrophes naturelles et changements climatiques. Ces événements ont suscité beaucoup de questionnements existentiels chez celles-ci. Lorsqu’ils sont réprimés ou ignorés, ces questionnements peuvent se transformer en détresse psychologique. La psychologie existentielle propose d’explorer ces questions de manière ouverte pour apaiser cette détresse. Parmi les interventions en santé mentale, celles basées sur les arts se sont révélées efficaces pour réduire la détresse psychologique. Ainsi, ce projet souhaite explorer les questions existentielles auprès des jeunes femmes universitaires à travers une intervention clinique novatrice visant à réduire la détresse psychologique et les comportements suicidaires. Il comporte deux objectifs : 1) documenter, à l’aide d’un devis descriptif qualitatif, les retombées perçues de l’intervention basée sur les arts et la psychologie existentielle, et 2) évaluer, à l’aide d’un devis expérimental longitudinal, son impact sur la santé mentale, l’anxiété de mort et les comportements suicidaires. Un devis mixte sera donc implanté.
Pour l’objectif 1, des entretiens semi-dirigés seront menés auprès de 40 participantes du groupe expérimental pour documenter leurs perceptions des thèmes explorés. Pour l’objectif 2, quatre temps de mesure (pré, post-intervention, et deux suivis à trois et six mois) sont prévus. 210 femmes de 20 à 34 ans seront recrutées sur les campus des universités suivantes : Bishop’s, Laval, Sherbrooke, McGill, UQO et Montréal. Les participantes seront regroupées par campus et réparties au hasard entre deux groupes : expérimental et témoin en liste d’attente.

L’intervention se déroulera sur 10 semaines, impliquant des ateliers hebdomadaires. La création artistique guidera les discussions sur les thèmes du sens de la vie, du désespoir, de la souffrance, de la mort et de l’espoir. Divers médiums artistiques seront utilisés : peinture, danse, sculpture, photographie et dessin.
Ce projet pourrait montrer que l’exploration des questions existentielles liées à la mort aide à réduire la détresse psychologique, les idées et les comportements suicidaires. Les résultats pourraient être particulièrement bénéfiques pour les intervenants en santé mentale travaillant avec les jeunes femmes, en leur fournissant des interventions faciles à mettre en place et peu coûteuses. Cela répondrait au besoin d’améliorer l’accès aux soins en santé mentale dans les systèmes d’éducation postsecondaire et de santé, où les ressources peuvent être limitées.