Malgré le temps consacré à l’enseignement grammatical, force est de constater que les résultats aux épreuves ministérielles de 5e secondaire sont relativement semblables d’une année à l’autre. C’est en orthographe que les élèves récoltent les résultats les plus faibles, et ce, depuis la toute première épreuve standardisée au Québec en 1986.
L’implantation de la « nouvelle grammaire » il y a plus de 20 ans n’a-t-elle donc pas permis de mieux comprendre le fonctionnement de la langue et d’améliorer les compétences langagières des élèves comme souhaité? Pour répondre à cette question, encore faut-il que la nouvelle grammaire soit réellement enseignée dans les classes du Québec. Dans les faits, son implantation ne s’est pas accompagnée de formation adéquate pour les enseignants.
Notre recherche-action visait à mesurer l’impact de séquences didactiques mettant en œuvre la nouvelle grammaire sur les compétences à lire et à écrire des élèves du secondaire. Pour ce faire, nous avons accompagné 10 enseignantes de français dans la production et la mise en place d’activités intégrant les outils de la nouvelle grammaire. Cet accompagnement nous a permis d’une part, de décrire les défis rencontrés par les enseignants pour enseigner cette nouvelle grammaire et, d’autre part d’apporter un éclairage aux performances des élèves mesurés à l’aide de différents tests en grammaire, en lecture et en écriture (n=767 élèves).
Nos résultats montrent que les pratiques d’enseignement de la nouvelle grammaire diffèrent passablement d’un enseignant à l’autre, que les défis rencontrés pour enseigner cette grammaire sont de taille et que, conséquemment, l’impact de cette nouvelle grammaire sur les compétences à lire et à écrire est difficile, voire quasi impossible à mesurer. Fournir un accompagnement adéquat aux enseignants constitue donc une priorité pour espérer une réelle transformation des pratiques.
Chercheure principale
Marie-Andrée Lord, Université Laval
Dépôt du rapport de recherche : avril 2021