Bâtir des valeurs communes de solidarité, briser les silos en misant sur une approche de concertation entre tous les acteurs et secteurs d’activités (éducation, santé, services sociaux, emploi, action communautaire, municipale) pour soutenir plus efficacement la lutte contre la pauvreté et le développement des communautés, tel est l’esprit de la première orientation du plan gouvernemental en matière d’inclusion et de solidarité sociale 2010-2015 (PAGSIS) « revoir nos façons de faire et rapprocher les décisions des milieux locaux et régionaux ».
Pour ce faire chaque Conférence régionale des élus (CRÉ) du Québec a été invitée à créer une Alliance régionale pour la solidarité, laquelle s’actualise par une entente financière entre la CRÉ et le gouvernement du Québec et vise à « favoriser la mobilisation et la concertation des acteurs ainsi qu’à soutenir la coordination, la planification et la réalisation d’actions structurantes visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale » (Cadre des Alliances pour la solidarité, 2011). Par des études de cas dans six régions du Québec, nous avons cherché à comprendre en quoi l’approche promue par cette orientation favorise l’atteinte des objectifs visés, comment elle s’est déployée dans chacune des régions, quels ont été les avancées et défis rencontrés dans la pratique collective de l’action intersectorielle.
L’analyse des actions régionales a révélé une forte mobilisation, concertation, créativité et un réel engagement des acteurs.
L’analyse des actions régionales a révélé une forte mobilisation, concertation, créativité et un réel engagement des acteurs pour apporter des réponses structurantes aux problématiques sociales et territoriales vécues par les communautés locales. Une diversité d’approches et de manières de faire caractérise l’ensemble des démarches régionales et locales ainsi que les projets qui en découlent (plus de 200 projets concertés). Par ailleurs, dans le cadre de cette mise en œuvre, l’observation de la pratique collective de l’action concertée intersectorielle met en relief les conceptions par lesquelles les différents groupes d’acteurs (institutions, organismes communautaires, élus, citoyens) pensent les problèmes et les solutions relatifs à la question sociale de la pauvreté, révèlent les rapports (d’opposition, de négociation et d’alliances) entre ces acteurs, mettent en évidence les enjeux démocratiques de gouvernance et du partage des ressources entre les acteurs et territoires.
En dépit de plusieurs contraintes liées au cadre politique et financier de cette mise en œuvre, les acteurs ont relevé le défi en ayant su donner du sens et de l’intelligence collective au cadre qui au final aura été un levier pour changer les façons de faire, impliquer de nouveaux acteurs (le monde municipal) et initier des actions structurantes. Ces efforts collectivement investis ne pourront avoir des effets durables que dans la mesure où la volonté gouvernementale de consolider cet élan sera poursuivie avec un prochain plan de lutte sur un horizon minimum de 5 ans, soutenu par un fonds moins normé, et en établissant des liens étroits avec les autres orientations gouvernementales ministérielles en matière de pauvreté.
Chercheur principal
Frédéric Lesemann, INRS
Dépôt du rapport de recherche : juin 2014