Cette étude dresse une typologie des trajectoires de jeunes de 16-24 ans issus de l’immigration ou non-immigrants qui poursuivent leurs études dans un centre de la Formation générale des adultes (FGA) sur l’île de Montréal ou à Sherbrooke, ainsi que des facteurs qui affectent leur trajectoire, selon les regards croisés des acteurs.

L’étude qualitative a effectué 184 entrevues auprès de 80 jeunes de 16-24 ans en FGA et de 104 agents institutionnels, qui ont reconstitué les pratiques, services et processus à l’œuvre en FGA. Les données qualitatives ont été complétées et corroborées par une analyse statistique du cheminement d’une cohorte d’élèves arrivés au secondaire en 1998 ou en 1999 dans une école du Québec du secteur français, qui montre que près de 6 % des élèves issus de l’immigration et près de 10 % au sein des groupes originaires des Antilles, de l’Afrique subsaharienne et de l’Amérique Centrale et du Sud persévèrent en FGA après 9 ans. Ces élèves présentent au moins trois facteurs de risque : avoir accumulé un retard supplémentaire deux ans après l’entrée au secondaire, avoir été identifié comme EHDAA et, enfin, être arrivé en retard en secondaire I (surtout de deux ans ou plus).

La formation comble en partie les besoins psychopédagogiques, linguistiques et socio-scolaires des jeunes immigrants en difficulté.

Les données qualitatives indiquent que la FGA comble partiellement les besoins psychopédagogiques, linguistiques et socio-scolaires des jeunes immigrants en difficulté, en situation de grand retard scolaire, en processus d’adaptation ou peu francisés et arrivés au secondaire. Près de moitié (48,8 %) de notre échantillon provenait en continuité du secteur des jeunes, sans interruption. Les jeunes ont souvent été orientés vers la FGA par leur école secondaire et ont connu des retards en raison de facteurs situationnels (immigration, scolarité chaotique, écarts entre systèmes, faible maîtrise du français), informationnels (méconnaissance du système), dispositionnels (arrivée à l’adolescence difficile, démotivation à apprendre le français) et institutionnels (tests de classement, services ou soutiens inadaptés).

Souvent arrivés au Québec entre 14 et 16 ans, leur expérience de la FGA est plutôt négative et certains décident de bifurquer vers le secteur anglais. Les jeunes réfugiés, et ceux qui reviennent après avoir interrompu leurs études, souvent de 2e génération ou non-immigrants, ont une expérience plus positive de la FGA. Les agents institutionnels rencontrés dans cette étude mettent en perspective les obstacles et adaptations nécessaires pour répondre aux besoins des jeunes en FGA qui sont arrivés au secondaire, en situation de retard scolaire, désignés EHDAA ou peu francisés, afin qu’ils puissent bénéficier d’une continuité de services et d’accompagnement et de passerelles facilitant la transition entre les secteurs des jeunes et des adultes.

Chercheure principale

Maryse Potvin, Université du Québec à Montréal

Résumé

Rapport de recherche
Appel de propositions

Dépôt du rapport de recherche : février 2014