La littérature en partage : l’apport du conflit des interprétations à une éducation inclusive
La diversité des interprétations littéraires est un moyen privilégié pour développer la compréhension de la diversité humaine dans nos sociétés pluralistes. C’est pourquoi la compétence à lire et apprécier des œuvres littéraires est au cœur de l’enseignement du français au secondaire. Pourtant, à la fin de leur scolarité obligatoire, pour une grande part des élèves québécois, lire à l’école consiste à répondre à des questionnaires ou à rédiger des résumés.
Comment les enseignants peuvent-ils accueillir les réactions subjectives des élèves afin qu’ils développent pleinement leurs compétences à réagir, comprendre, interpréter des œuvres complètes suscitant la résolution de problèmes complexes sur le plan cognitif, mais aussi affectif et éthique? Notre recherche montre que le débat interprétatif permet d’atteindre ces visées. Comment et pourquoi enseigner le débat interprétatif au 2e cycle du secondaire? Le débat interprétatif (DI) est une activité orale collaborative menée par l’enseignant avec la classe sur une œuvre lue au préalable.
Nos résultats permettent de dégager des pratiques d’enseignement transversales malgré la variété des contextes scolaires, des effets dus à la singularité des huit enseignantes participantes et d’autres imputables à la spécificité des œuvres étudiées (de trois genres différents). Plus les gestes didactiques et les interactions des enseignantes sont variés, plus les élèves coconstruisent et justifient des interprétations nombreuses et recevables.
Contrairement au débat argumentatif, le DI ne vise pas à convaincre autrui d’adhérer à un point de vue argumenté, mais à rechercher collectivement des interprétations recevables, parfois contradictoires. Grâce au DI, les élèves apprennent à exprimer leur empathie envers les personnages, à nuancer leur compréhension de situations humaines complexes, à reconnaitre la validité d’autres interprétations que les leurs, à intervenir de manière régulée dans une controverse constructive. En cela, le DI est un outil prometteur de développement des capabilités démocratiques.
Chercheure principale
Marion Sauvaire, Université Laval
Dépôt du rapport de recherche : avril 2021