Des marqueurs sanguins qui témoignent du stress oxydatif des cellules pourraient permettre de prédire le risque de développer la maladie d’Alzheimer cinq ans plus tard, révèlent les travaux du laboratoire de Charles Ramassamy, professeur au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS. Cette découverte ouvre la porte à des interventions basées sur la prise d’antioxydants pour retarder, et pourquoi pas freiner, la progression de la maladie avant l’apparition des symptômes.
La maladie d’Alzheimer touche plus de 565 000 Canadiens et Canadiennes, dont 152 121 Québécois et Québécoises. Dans la communauté scientifique, c’est la course pour trouver des marqueurs de détection précoce, facilement identifiables. Car une fois les symptômes enclenchés, la maladie est progressive et irréversible.
L’équipe de Charles Ramassamy s’est intéressée au stress oxydatif, impliqué notamment dans le vieillissement, le déclin cognitif et la maladie d’Alzheimer. Dans une cellule saine, il y a un équilibre entre le niveau d’antioxydants et la production de radicaux libres – des molécules instables créées par certains processus biologiques – qui causent de l’oxydation. En vieillissant, la défense antioxydante contre les radicaux libres diminue; il y a alors propagation plus rapide des mécanismes d’oxydation qui produisent le stress oxydatif.
Peut-on détecter les marqueurs oxydatifs propres à la maladie d’Alzheimer avant qu’elle ne se développe? Les scientifiques ont analysé une centaine d’échantillons sanguins provenant d’une étude pancanadienne sur la santé et le vieillissement, dont une partie des participants et participantes ont développé la maladie d’Alzheimer cinq ans après. Charles Ramassamy et son équipe ont montré que les marqueurs oxydatifs étaient plus élevés chez ces individus.
Détectables par une prise de sang, ces marqueurs – notamment des protéines antioxydantes – se cachent dans les vésicules extracellulaires plasmatiques, soit des poches libérées dans le sang par toutes les cellules de l’organisme. Selon l’étude, ces marqueurs sont particulièrement présents chez les porteurs du gène apoE4, qui prédispose à la maladie d’Alzheimer. Lorsque c’est le cas, ces personnes ont 90 % de risques de la développer.
Une fois validés auprès de plusieurs populations, ces marqueurs pourraient servir à prédire l’apparition de la maladie et à mettre en place certaines interventions – par exemple, augmenter l’apport en antioxydants par l’alimentation et ainsi diminuer l’oxydation.