Victor Danneyrolles
Professeur-chercheur sous octroi à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
Coauteurs.res :
- Nathan Egande, Chargé de projets à l’Agence Mamu Innu Kakussesht (AMIK) et ancien étudiant à la maitrise à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)
- Dominique Arseneault, Professeur à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR)
- Marie-Eve Sigouin, Professeure au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue
- Yves Bergeron, Professeur émérite à l’Université du Québec en Abitibi-Temiscamingue (UQAT) et à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
Publiée dans : Canadian Journal of Forest Research
Résumé :
Pour comprendre les écosystèmes forestiers et mieux préparer leurs avenirs, il est essentiel de connaître leur passé.
La région de Rouyn-Noranda (Québec, Canada) représente un cas d’étude particulièrement pertinent, car elle a connu une industrialisation rapide et intense à la suite de sa colonisation par les populations eurocanadiennes depuis dans la première moitié du XXe siècle. Cette industrialisation s’est manifestée par un développement des industries forestière et minière, ainsi qu’en parallèle du secteur agricole, qui ont pu largement contribuer à transformer les paysages forestiers de la région. Dans ce contexte, cette étude présente une reconstitution des changements de composition en espèce d’arbres des forêts de la région de Rouyn-Noranda depuis le début du 20e siècle. Puisque les inventaires gouvernementaux permettant le suivi des forêts n’ont débuté que dans les années 1970, cette étude se base sur une source de données à la fois originale et dont la valeur est inestimable : les archives d’arpentage. Ces archives manuscrites contiennent les informations recueillies par des arpenteurs dont la mission était de faire le portrait de nouveaux territoires avant de les ouvrir à la colonisation. Dans la région de Rouyn-Noranda, ces archives couvrent la période allant de 1909 à 1940 et montrent que les épinettes dominaient largement les paysages à cette époque préindustrielle. En comparant avec la composition actuelle, on observe une forte augmentation des feuillus pionniers tel que le peuplier faux-tremble.
L’analyse cartographique de ces changements en lien avec d’autres données cartographiques montre que ces changements peuvent être essentiellement attribués à l’accumulation des feux, des coupes et des défrichements agricoles survenus depuis le début du 20e siècle. Ces résultats sont essentiels pour ajuster les stratégies d’aménagement durable, notamment dans le but de restaurer les forêts « naturelles. »