Cathia Papi

Cathia Papi

Professeure titulaire au département d’éducation, Université TÉLUQ

Publication primée : Évaluation d’un camp de littératie pour contrer la perte d’apprentissage estivale

Publiée dans : Mesure et évaluation en éducation

Résumé :

En 2021 le gouvernement du Québec a instauré une mesure pour lutter contre ce qui a été appelé « la glissade de l’été ». Cette expression est une traduction de l’anglais « summer slide » qui désigne l’oubli, durant les vacances estivales, des apprentissages réalisés durant l’année scolaire. Le fait est qu’en deux mois de vacances, il est facile d’oublier. Ce phénomène, qui n’avait pas d’appellation propre en français, est pourtant étudié depuis plus d’un siècle dans les milieux anglophones. En effet, nombre de recherches font ressortir qu’une part non négligeable des élèves commencent l’année scolaire avec un niveau plus faible que celui qu’ils avaient à la fin de l’année précédente. Certaines études estiment que la perte d’apprentissage estivale correspond à un mois d’apprentissage et tend à augmenter au fur et à mesure de la scolarité.

Néanmoins, les recherches révèlent aussi que le déploiement de dispositifs visant à endiguer l’oubli des apprentissages ou à combler des lacunes durant les vacances d’été peuvent permettre d’endiguer ce problème. C’est pourquoi, aux États-Unis comme au Québec, des mesures ont été prises pour freiner la « glissade de l’été » et, plus largement, la « glissade de la COVID ». Ainsi, au Québec, les instances régionales de concertation (IRC) se sont vu offrir la possibilité d’accéder à de nouvelles ressources financières depuis 2021 pour proposer des activités aux enfants et aux adolescents au cours de l’été, dans le but d’assurer le maintien des acquis durant la période estivale.

Tandis que les cours d’été existent de longue date, le fait de financer à l’échelle de l’ensemble d’un territoire francophone des moyens pour favoriser le maintien des acquis pendant les vacances scolaires est une première sur un territoire francophone et mérite donc d’être étudié. Cet article porte ainsi sur l’évaluation d’un camp nommé « Littératie en s’amusant ! » créé dans un centre de services scolaire. Ce camp vise à aider les élèves de première, voire de deuxième année, ayant des difficultés en littératie en leur proposant 12 matinées d’activités ludiques permettant de travailler différents aspects de la littératie.

Nous avons sélectionné ce camp parmi les nombreux dispositifs proposés au Québec, parce qu’il nous semblait regrouper différents éléments présentés dans la littérature comme des critères d’efficacité des dispositifs estivaux. L’objectif de l’étude est effectivement de déterminer dans quelle mesure les critères repérés dans les milieux anglophones fonctionnent dans un milieu francophone en cherchant à mesurer l’effet de ce camp sur la perte d’apprentissage estivale. Pour ce faire, une méthodologie mixte a été employée. L’approche qualitative repose sur des entretiens semi-directifs et l’approche quantitative, sur des prétests et des post-tests.

Les résultats de l’étude de ce camp de littératie sont positifs et significatifs : ils montrent que la participation au camp permet aux enfants de maintenir, voire d’améliorer leurs compétences en littératie pendant l’été. Les critères d’efficacité qui ressortent de la littérature anglophone, semblent donc pertinents dans un contexte francophone et ce camp peut servir d’inspiration à d’autres au Québec ou ailleurs dans la francophonie.