Les paroles haineuses prolifèrent de manière exponentielle depuis l’avènement des médias sociaux et d’autres forums numériques du même acabit. Il faut dire que le Web se prête particulièrement bien à la propagation de la haine ; les internautes y trouvent facilement des vis-à-vis dont l’idéologie correspond à la leur, ce qui mène à l’amplification des propos violents et radicaux en vertu du principe de chambre d’écho. C’est pour contrer cette polarisation et pour réconcilier les extrêmes que Vivek Venkatesh, cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents (UNESCO-PREV), qui est aussi professeur titulaire en pratiques inclusives en arts visuels à l’Université Concordia, a mis sur pied le projet SOMEONE en 2014.
Depuis, 19 initiatives de pédagogie sociale novatrices promouvant la tolérance et la non-violence ont été « cocréées » avec des membres de la Chaire UNESCO-PREV et du regroupement stratégique Centre d’études sur l’apprentissage et la performance (CÉAP) issus aussi bien des milieux universitaires que communautaires. Par exemple, Paysage de l’espoir explore la rhétorique haineuse et les frontières de l’inclusion des communautés marginalisées par le biais des arts numériques. Le but : développer l’esprit critique des jeunes considérés comme marginaux à partir d’expériences inspirées par ce qu’ils peuvent vivre en ligne. Les représentations s’organisent autour d’une combinaison de musique électronique originale, d’échantillons audio, de fils de nouvelles de médias sociaux, d’ambiances sonores et de projections vidéo de sources publiques. À la fois distinctes et interreliées, les vidéos, productions musicales et autres prestations artistiques en direct au cœur de SOMEONE empruntent aux différentes expertises des spécialistes impliqués (pédagogie sociale et publique, recherche-création, humanités, psychanalyse…), ce qui en fait un projet véritablement multidisciplinaire.
Le portail du projet SOMEONE peut se targuer d’avoir reçu jusqu’à présent plus de 100 000 visites de gens issus de 153 pays différents. Son équipe a travaillé avec près de 20 000 intervenants par l’entremise d’ateliers, de programmes de formation et d’activités de sensibilisation du public organisés tant au Québec, au Canada et en Europe qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Par son travail qui va bien au-delà des voies universitaires traditionnelles, l’équipe du projet SOMEONE fait entendre la voix d’éducateurs et d’étudiants du monde entier, en plus d’accroître leur résilience et leur tolérance en réaction aux discours haineux, aussi bien en ligne que hors ligne.