Est-ce que les futurs enseignants de français ont une vision romantique de l’enseignement de la grammaire ?
C’est ce que tend à suggérer une recherche qui propose un portrait des connaissances grammaticales et didactiques d’étudiants inscrits au programme de baccalauréat en enseignement du français au secondaire.
Est-ce que les futurs enseignants de français ont une vision romantique de l’enseignement de la grammaire?
Les réponses de 85 étudiants à un questionnaire sur la grammaire pédagogique moderne et sur son enseignement tendent à montrer qu’ils ont construit des connaissances grammaticales fragiles à propos des notions grammaticales de groupe du nom, de groupe du verbe, de phrases subordonnées et de phrase de base. Il semble également que les connaissances en enseignement utilisées par les étudiants sont assez peu conformes aux savoirs valorisés par la didactique de la grammaire, comme l’indique l’analyse de toutes les interventions verbales produites par huit étudiants au cours d’un stage de cinq semaines. Malgré ce portrait mitigé de leurs connaissances grammaticales et didactiques, les étudiants témoignent d’une grande confiance en leurs connaissances grammaticales et en leurs capacités à enseigner la grammaire. De plus, les étudiants voient leur futur enseignement de la grammaire d’un œil très positif, davantage positif que lorsqu’ils se prononcent sur leur propre expérience de l’apprentissage de la grammaire. Ces résultats convergent vers ce qui semble être le reflet d’une vision romantique de l’enseignement de la grammaire.
La qualité des connaissances grammaticales des futurs enseignants est constamment remise en question, notamment dans les médias. Les données de la recherche s’avèrent donc indispensables pour amorcer une réflexion objective et nuancée sur la formation en grammaire et en didactique de la grammaire des futurs enseignants de français du secondaire, mais également du primaire ou de l’adaptation scolaire et sociale. La prise en compte des connaissances et des représentations sur la grammaire et son enseignement des futurs enseignants devrait constituer une porte d’entrée privilégiée pour repenser la formation en enseignement, autant sur le plan des contenus que sur celui des dispositifs de formation.
Chercheure principale
Isabelle Gauvin, Université du Québec à Montréal
Dépôt du rapport de recherche : janvier 2016