Nous avons laissé derrière nous une année 2023 intense. Rappelez-vous, en décembre, nous commencions toutes nos rencontres en mentionnant un sentiment d’épuisement et d’hyperactivité! À juste titre, si je peux me permettre. D’abord, de nombreux projets structurants ont été élaborés, présentés, voire financés : les projets Apogée, les projets des Fonds de recherche biomédicale du Canada, des projets majeurs d’infrastructure, la mobilisation au Québec pour des projets « ARN et thérapies innovantes » et sûrement d’autres encore. Ces projets sont fascinants à bien des égards – leur taille et le nombre d’équipes de recherche qu’ils mobilisent; leur ambition; le terreau incroyable qu’ils offrent pour la formation et l’attraction d’étudiants et d’étudiantes; l’accès à « tous les possibles » qu’ils ouvrent pour des personnes créatives et audacieuses. Ils me fascinent surtout parce qu’ils mêlent les disciplines. On le répète tout le temps, mais on ne se lasse pas de l’observer, l’objet de recherche « santé humaine » ne mobilise pas que les médecins, professionnel.le.s de santé et biologistes, il mobilise les chimistes, les ingénieur.e.s, les physicien.ne.s, les sociologues, les philosophes, les scientifiques des données… on l’aura compris : c’est une grande entreprise intersectorielle. 
 
Ensuite, comme l’a été 2022 et le sera probablement 2024, 2023 a été une année marquante au point de vue de l’intelligence artificielle (IA). La fameuse IA générative s’est imposée dans toutes les discussions et nous sommes nombreux à avoir cherché à l’apprivoiser, voire l’utiliser. En tout cas, à travers le monde, elle nous a forcés à revisiter quelques grands principes de société dont la responsabilité et la confiance pour ne citer que ceux-ci. Je me sens privilégiée de pouvoir côtoyer au Québec, des chercheuses et des chercheurs parmi les chefs de file de cette réflexion. 
 
L’année 2023, c’est également pour le secteur de la santé des « P », désignant une médecine plus Précise, plus Personnalisée, Préventive, Participative, qui sont énoncés et réaffirmés, pas seulement par les acteurs de la recherche et de l’innovation, mais également par des décideurs et des entreprises. Facile, dira-t-on… ça fait 20 ans qu’on en parle. Mais nous voyons cette médecine se mettre en action, dans plusieurs de nos établissements de santé, pas juste avec les « omics », ou la thérapie cellulaire ou autre innovation thérapeutique, mais aussi avec l’analyse massive de données provenant de multiples sources. 

Pourquoi cette rétrospective bien imparfaite? Peut-être pour espérer que 2024 soit moins essoufflante, bien qu’après seulement un mois, j’en doute. Plus certainement parce qu’il est plus facile d’établir une rétrospective que de s’aventurer sur le terrain de la prospective. Bien difficile de prédire ce qui marquera 2024. Quelques certitudes cependant :

  • Plusieurs pays verront des élections se dérouler, avec des résultats intéressants pour la démocratie – la politique me fascine!
  • Le 8 avril prochain, en plein jour, l’obscurité va tomber et nous observerons une éclipse solaire – l’horlogerie de l’univers me fascine… aussi!
  • La santé durable / globale / planétaire / une seule santé, peu importe la nomenclature, sera de toutes les priorités – la transformation des approches de santé me fascine… encore plus que tout le reste!

Aussi, j’espère que 2024 nous permettra de voir :

  • Plus de génération de connaissances en santé et de valorisation de ces connaissances;
  • Plus d’accès et plus d’analyses de données pour plus de données probantes parce que c’est ce qui change le statu quo;
  • Plus de collaborations multidisciplinaires et intersectorielles pour des projets audacieux et transformateurs;
  • Plus de talents pour relever les défis qui nous impactent tous;
  • Plus de liens et toujours plus étroits entre science et société parce que le savoir est l’affaire de tous;
  • Plus de continuité dans les efforts et les priorités pour viser une équité en santé.

Et si dans onze mois nous manquons de souffle et d’énergie parce que nous les aurons dépensés pour que ces « plus » se réalisent, alors tant mieux! Parce qu’au final, ce que la recherche génère contribue à des progrès réels en santé.

Vous pourrez compter sur toute l’équipe du FRQS et des FRQ pour soutenir votre succès dans cette « inédite » année 2024.

Carole Jabet

Directrice scientifique FRQS