Programme de Chaires en diplomatie scientifique (CDS) 2025-2026

1. CONTEXTE

La diplomatie scientifique représente les interactions entre la science et les intérêts politiques dans un cadre international. Sa pratique a débuté au xviii^e siècle et a réellement pris de l’ampleur au xx^e siècle, surtout dans le contexte de la Guerre froide. Le premier cadre conceptuel le définissant résulte d’une collaboration entre deux organisations scientifiques des États-Unis et du Royaume-Uni, soit l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) et la Royal Society de Londres, en la forme du New Frontiers in Science Diplomacy publié en 2010. Le concept a continué d’évoluer depuis et, dans la foulé d’une mise à jour à venir en 2025, l’AAAS et la Royal Society ont récemment publié un numéro spécial de la revue Science & Diplomacy afin de revisiter le concept d’intégrer à la réflexion les changements au contexte mondial.

La diplomatie scientifique est nécessaire pour résoudre certains des grands défis mondiaux actuels : les changements climatiques, la perte de biodiversité, les insécurités alimentaires, en ressources et démocratiques, les technologies numériques ainsi que la santé globale. Ces défis peuvent être étudiés et des pistes de solutions proposées grâce, entre autres, à la rencontre des scientifiques, des diplomates et des décideurs politiques dans des contextes internationaux.

Malgré tout, la diplomatie scientifique ne va pas de soi et quelques problèmes y ayant trait peuvent être soulevés. Comment améliorer le lien entre intérêt national et liberté scientifique, entre affaires internationales et science nationale afin d’avoir une stratégie commune ? Comment favoriser une meilleure culture scientifique dans la fonction publique et, inversement, une meilleure compréhension des politiques internationales dans la communauté scientifique ? Comment éviter certaines dérives, comme le contrôle de l’État sur les sciences ou encore la marchandisation trop importante des savoirs ? Comment promouvoir la science au bénéfice de tous les peuples en évitant de l’instrumentaliser au service d’intérêts trop coercitifs ? Comment consolider les intérêts d’une communauté scientifique supranationale, telle que la Francophonie ?

2. OBJECTIFS

Le FRQ augmente depuis plusieurs années le nombre de partenariats scientifiques avec des institutions étrangères. Il souhaite avoir une plus grande portée, notamment par le conseil scientifique, mais aussi en ajoutant le volet de la diplomatie scientifique à ses champs d’études et d’action. Le programme de chaires en diplomatie scientifique vise ainsi à renforcer le positionnement du FRQ en structurant le développement du savoir autour de thèmes prioritaires à l’interface de la diplomatie et de la science.

Chaque proposition de chaire devra construire une programmation de recherche autour de thématiques ciblées. Ces thèmes peuvent couvrir les secteurs de la santé et des sciences de la vie, des sciences naturelles, des mathématiques et de l’ingénierie, des sciences humaines et sociales, des arts et des lettres, ou encore des champs de recherche intersectoriels. La seule restriction quant aux thèmes est qu’ils doivent couvrir la relation entre science et intérêts politiques dans un cadre international.

Les objectifs du programme sont les suivants :

• Accroitre les collaborations entre les chercheurs et chercheuses du Québec et du reste du globe sur des enjeux liés à la diplomatie scientifique;
• Favoriser la réalisation d’une programmation de recherche en diplomatie scientifique qui ne pourrait être réalisée sans cette coopération internationale, notamment la collaboration Nord-Sud ;
• Structurer le champ de recherche par la création d’un réseau de chercheurs, de chercheuses, de praticiens et de praticiennes de la diplomatie scientifique ;
• Former la relève en recherche sur la diplomatie scientifique ;
• Contribuer au transfert et à la mobilisation des connaissances sur la thématique choisie vers les acteurs de la diplomatie scientifique.

La réalisation de projets de recherche ne fait pas partie des objectifs du programme.

Plus généralement, conformément à sa Stratégie de mobilisation des connaissances, le Fonds encourage les personnes titulaires d’une chaire à mener des activités de partage, de valorisation, de diffusion et de mobilisation des connaissances auprès du grand public et plus particulièrement des milieux producteurs, diffuseurs et utilisateurs.

3. Admissibilité

Chaque projet de chaire devra être porté et transmis par le rectorat d’une université québécoise reconnue comme établissement universitaire gestionnaire par le FRQ. Les établissements du réseau de la santé, parmi les établissements reconnus, peuvent transmettre une demande par l’entremise d’une université québécoise. Les établissements collégiaux et les établissements gouvernementaux ne sont pas admissibles. Chaque université québécoise ne pourra présenter qu’une seule candidature dans le cadre de ce programme. L’Université Laval, ayant déjà une entente avec le FRQ afin de mettre en place une chaire en diplomatie scientifique en collaboration avec Sorbonne Université, n’est pas autorisée à présenter une autre demande.

L’université québécoise qui transmet une candidature devra apporter un soutien financier en espèces équivalent à celui du FRQ, soit 50 000 $/année sur 5 ans. De plus, cet établissement présentera le projet de chaire en collaboration avec au moins une université partenaire hors-Québec. Il sera attendu des partenaires hors-Québec qu’ils reçoivent un soutien financier d’au moins un organisme de financement de la recherche hors-Québec.

Ainsi, pour qu’un dossier soit admissible, chacune des parties (au minimum quatre parties : université québécoise, FRQ, université hors-Québec, organisme subventionnaire hors-Québec) doit apporter un soutien financier en espèces à la chaire. Le soutien du FRQ étant de 50 000 $/année sur 5 ans, le montage financier total de la chaire devra minimalement atteindre un total de 200 000 $/année sur 5 ans. L’engagement financier de toutes les parties devra être confirmé par écrit au moment de transmettre la demande.

L’équipe de recherche de la chaire devra être composée d’au moins :

• une personne du Québec, correspondant au statut 1 (chercheur ou une chercheuse universitaire) tel que défini dans les RGC ; et
• un chercheur ou une chercheuse ayant un statut équivalent (professeur ou professeure universitaire ayant l’habilitation à diriger des recherches ou l’équivalent) au sein d’un établissement universitaire hors-Québec.

Cette équipe de base pourra s’entourer de cochercheurs et cochercheuses du Québec et de l’international.

Chaque proposition de chaire devra identifier un thème lié à la diplomatie scientifique à l’intérieur duquel se dérouleront les travaux. Ce thème pourra provenir de tous les secteurs de la recherche ou, préférablement, proposer des travaux de recherche intersectoriels.

4. DEMANDE

5. ÉVALUATION

Les demandes jugées admissibles seront évaluées par un comité d’évaluation scientifique qui aura pour mandat de procéder à l’ordonnancement des candidatures sur la base de leur qualité scientifique. Le rôle des comités d’évaluation et les conditions entourant les décisions de financement sont précisés dans les RGC aux sections 4 et 5.

Une demande sera recommandée pour financement si elle obtient, au global et au critère éliminatoire, le seuil de passage de 70 %.

Précisément, les demandes de financement sont évaluées en fonction des critères d’évaluation et de la pondération qui suivent :

Programmation (40 pts) *

• Envergure de la programmation scientifique proposée au regard de l’état actuel des connaissances et des travaux menés au Québec, au Canada et à l’international dans le domaine de la diplomatie scientifique – 20 pts
• Pertinence de l’ancrage théorique, conceptuel et méthodologique – 10 pts
• Adéquation entre les objectifs du programme, les objectifs poursuivis par la chaire et la programmation prévue – 5 pts
• Réalisme du calendrier d’activités, du montage financier et du budget des dépenses prévues au regard la programmation scientifique proposée – 5 pts

*Une note de passage de 70 % est exigée pour ce critère d’évaluation.

Composition et gouvernance (20 pts)

• Présence, au sein de la composition de la Chaire, de l’ensemble des expertises nécessaires pour assurer le bon déploiement de la programmation – 10 pts*
• Exemplarité du modèle de gouvernance proposé (modalités de coordination internationales prévues ; mutualisation des infrastructures matérielles et humaines ; représentativité des différents territoires ; clarté de la vision stratégique ; transparence des processus décisionnels ; saine gestion financière ; etc.) – 10 pts

Formation de la relève en diplomatie scientifique (20 pts)

• Qualité, diversité et intensité des activités de formation et d’évolution de carrière destinées spécifiquement à la relève étudiante et postdoctorale pour enrichir la formation et préparer une relève en recherche dans le domaine – 10 pts
• Qualité des initiatives déployées en matière de formation et de perfectionnement du personnel hautement qualifié et plus généralement des personnes œuvrant dans le domaine de la diplomatie scientifique – 10 pts

Retombées, impacts et mobilisation des connaissances (20 pts)

• Potentiel de la chaire à mobiliser les connaissances et à en assurer le transfert vers les ministères et organismes publics, les acteurs de la diplomatie et le grand public – 10 pts
• Capacité de la chaire à positionner le Québec comme chef de file dans le domaine de la diplomatie scientifique, à accroitre la coopération internationale sur des enjeux d’importance globale et à stimuler des collaborations Nord-Sud – 10 pts

6. FINANCEMENT

Le FRQ s’engage à contribuer au financement de 6 à 8 chaires en diplomatie scientifique jusqu’à 50 000 $ par chaire par année sur une période de 5 ans. Aucun montant n’est prévu pour les frais indirects de recherche (FIR).

Les dépenses admissibles dans le cadre de ce programme doivent être directement liées à la programmation scientifique soumise, et non aux projets qui en découlent, tout en respectant celles listées dans la section 8 des RGC. De plus, de manière exceptionnelle dans le cadre de ce programme, le financement pourra être utilisé pour le soutien salarial d’un nouveau professeur ou d’une nouvelle professeure prenant la direction scientifique de la chaire.

Les frais pour dégagement de la tâche d’enseignement sont autorisés dans le cadre de ce programme pour la personne assurant la direction scientifique de la chaire. Un maximum d’un dégagement par personne par an est permis. Le montant pour ces dégagements est laissé à la discrétion de la direction scientifique, mais il doit être pris à même la subvention et doit être indiqué dans les prévisions budgétaires afin que le comité d’évaluation puisse s’assurer de sa pertinence.

7. SUIVI ET REDDITION

Les conditions liées à l’annonce et à la gestion des octrois sont énoncées dans les RGC (sections 5 à 8).

Une visite de suivi aura lieu à mi-parcours, sous la responsabilité du FRQ. Ce suivi prendra en considération l’état d’avancement des travaux en fonction du dossier soumis initialement par les titulaires de la chaire. Les paramètres et indicateurs sur lesquels se fondera ce suivi seront communiqués aux titulaires dès l’octroi. À l’issue de ce processus et dans une perspective d’amélioration continue, le comité visiteur formulera des commentaires et proposera éventuellement des pistes d’actions.  Ce comité pourra aussi recommander de prolonger ou non la subvention ou formuler toute autre proposition qu’il jugera pertinente dans les circonstances.

Durant la période financée, un portfolio de publications examinées par les pairs, diffusées en libre accès immédiat (sans embargo) et sous licence ouverte devra être produit, conformément à la Politique de diffusion en libre accès (révisée en 2022). Le nombre de publications qu’il devra contenir dépend du décompte de tous les cochercheurs et cochercheuses, en y ajoutant la personne titulaire.

8. PRISE D’EFFET

Les présentes règles s’appliquent à l’exercice financier 2025-2026.