Parfois ces élèves sont issus de l’immigration très récente et arrivent au Québec de leur pays d’origine déjà scolarisés en langue maternelle. Ces élèves non francophones peuvent bénéficier d’un enseignement du français adapté aux locuteurs non natifs et d’une période d’adaptation socioculturelle avant de côtoyer les francophones dans les salles de classe.
Alors que cette population de locuteurs non natifs transite par les classes d’accueil, une autre population de locuteurs non natifs, celle-ci beaucoup plus grande, entre directement dans les écoles francophones sans bénéficier d’une période de transition linguistique ou culturelle. Cette population se compose d’élèves nés dans des familles déjà installées au Québec, parfois depuis plusieurs générations, où le français n’est pas la langue dominante de communication et où la culture dans laquelle baigne l’enfant avant son arrivée à l’école peut se distinguer nettement de la culture franco-québécoise typique. Ce sont ces élèves qui constituent le point de mire de cette recherche.
Nous avons cherché à mieux comprendre comment les habiletés en français des élèves allophones se développent à l’école primaire. Nous avons également voulu situer ce développement par rapport aux progrès langagiers réalisés de la majorité francophone pendant la même période. Avec une meilleure connaissance de ce qui constitue un développement linguistique normal chez les élèves allophones, nous espérions accomplir deux objectifs. Dans un premier temps, nous voulions identifier les faiblesses linguistiques les plus prononcées ou les plus coûteuses des élèves allophones, aidant ainsi aux enseignants de raffiner et d’orienter leurs interventions. Dans un deuxième temps, nous espérions fournir aux enseignants des instruments d’évaluation qui leur permettraient de mieux identifier les élèves à risque dans leur classe.
Au cours de nos analyses, nous avons accumulé un certain nombre d’indices qui suggèrent que les élèves francophones et allophones ne traitent pas les textes écrits de la même manière. Les Francophones favoriseraient un traitement phonologique et les Allophones un traitement graphique qui leur permet probablement de compenser – et de masquer dans une certaine mesure – pour leurs difficultés à l’oral.
Nous croyons que toute intervention qui profitera aux allophones profitera également aux francophones moins forts et contribuera ainsi à la réussite de tous les élèves.
Chercheure principale
Lori Morris, Université du Québec à Montréal
Dépôt du rapport de recherche : mars 2008